
« Oui! Des leaders politiques. »
Quel âge avais-tu?
« Huit. A 8 ans, j'ai demandé au Père Noël qu'il m'apporte une machine à écrire. Avec cette machine, mécanique, je faisais des lettres, des psaumes, des poèmes, je mettais au propre mes chansons et oui, j'envoyais des lettre politiques aux leaders du monde. Je ne sais pas si ils les ont reçues ou pas, mais je n'ai jamais eu de réponse. »
Pourquoi à eux? Et non pas, par exemple, à Gabriel García Márquez, quelqu'un de plus proche?
« Je ne sais pas. Mon père a été une influence très concrète dans ma vie, il a aussi été assez inquiet par rapport à la politique, et le voir assis face à sa machine à écrire, rédigeant des articles pour les journaux locaux et ventilant toujours ses idées, options de l'entourage social, de l'entourage politique, a été une grande influence. A ma manière, je l'imitais. »
C'est lui aussi qui a découvert ta voix. Tu l'as surnommé le défenseur de mon vibrato. Il a du le défendre?
« Oui, il a eu à le défendre auprès de ceux qui ne croyaient pas qu'une fille si petite puisse en avoir un. »
Qui?
« Mon professeur de musique par exemple. Ou mes camarades de collège, qui disaient que je chantais comme une chèvre, parce que j'avais ce vibrato très prononcé. Et mon papa m'a toujours dit: Ne t'enlève jamais le vibrato parce qu'une voix sans vibrato ne vaut rien. Et de ce fait, c'est mon étiquette. »
Tu écrivais des chansons à 7 ans. Pourquoi c'était une chanson et pas un poème?
« J'écrivais des poèmes à 4 ans: j'ai appris à lire et à écrire à 3ans. A 4 ans je faisais des poèmes pour ma maman, pour la pluie, les roses, le soleil. A 8 ans j'ai commencé à écrire mes premières chansons. Quand j'ai eu 12 ans, j'avais déjà un répertoire de 35 chansons. Ensuite quand je suis arrivée à mes 13 ans, j'ai signé un contrat avec Sony Music et c'est là que j'ai commencé ma carrière professionnelle.
En 1991, après avoir participé à tous les festivals qu'il existe, la filiale colombienne de discographie a vue que dans l'adolescente brune Shakira, il y a avait une carrière et une affaire. Cependant, le début a été bien chaud: le disque Magia et le suivant, Peligro, n'ont pas eu beaucoup de succès.
Depuis ce premier pas, avec la Shakira aux cheveux spongieux, jupe en jeans ajustée et taille haute, les signaux de Madonna et Cyndi Lauper avaient payé en Colombie. Il s'est passé 4 ans jusqu'au grand coup: Pies Descalzos. Estoy aqui et Dondé estás corazón sont de cet album, que Shakira a écrit à 17ans. »
Tu as fait ta carrière de manière très indépendante. Maintenant, en plus d'être maman, tu dépends d'une certaine manière de la carrière de Gerard Piqué, ton compagnon. Un footballeur peut changer de pays, il doit le faire. Il y a deux mois, il a signé avec le Fc Barcelone jusqu'en 2019, mais il pourrait par la suite devoir partir en Allemagne, par exemple.
« Je le suis dans les steppes de la Sibérie [rires]. Il y avait un livre très drôle, c'était quoi? Un truc comme Jardiel Poncela? Je t'attends en Sibérie, mon amour. Je pourrais l'attendre la-bas.. Jusqu'au bout du monde, je suivrai. »
Et élever un enfant dans une terre qui n'est pas la tienne?
« Nous avons la chance de pouvoir rester à Barcelone pour les prochaines années, et nous n'y pensons plus. J'ai été nomade toute ma vie et ça ne me fait pas peur de faire mes valises. La flemme oui, mais pas peur. »
Il y a eu des mots, des habitudes que vous avez dû expliquer à Gérard pour vous entendre?
« Oui il a fallu expliquer quelque chose à un moment donné, nous ne nous sommes pas rendus compte: nous étions trop occupés avec autre chose (elle rit). »
Il y a la guerre entre les jus naturels et le Nutella?
« Ça! Bon, je suis la disciplinée de la maison et lui il est plus joueur, pour faire plaisir à Milan et lui donner tout ce qu'il veut. Il adore le voir rire, le voir profiter. Moi aussi, mais je suis plus obsédée par le bien-être, qu'il dorme bien, qu'il mange bien. Je crois que c'est un peu le rôle de la maman, non? D'assurer de ce côté. Mais le mieux c'est qu'il m'accompagne dans tout ça. »
Pourquoi la maternité est arrivée à 36 ans?
« Parce que c'est le moment que le destin a choisit pour moi. Et Dieu merci ça s'est passé comme ça, car j'ai eu suffisamment de temps pour moi. Pour lire, étudier, voyager dans le monde, me réaliser professionnellement. La femme d'aujourd'hui a besoin de temps pour elle, eh, parce que maintenant j'ai du mal à pouvoir lire un livre (elle rit), mais grâce à Dieu, j'ai eu assez de temps pour lire. J'ai lu tellement de livres que je crois que maintenant il ne me reste qu'à lire les livres sur la maternité. »
En parlant de ça, il faut du calme pour composer. Comment est Milan?
« Il a été un bébé très coopérateur, très collaborateur. Il m'a beaucoup aidée avec ce dernier album. Pas seulement lui, j'ai des beaux-parents en or, qui ont aussi été un grand soutien. Parce que sans la famille je n'aurais pas réussi la moitié des choses que j'ai réussi dans la vie. »
Ce dernier album s'appelle Shakira, les bandes font souvent ça pour leur premier album quand ils commencent. Pourquoi maintenant?
« Car il a été réalisé à une période assez étendue et beaucoup de choses sont arrivées pendant tout ce temps. Beaucoup de débuts, des pauses, des retours de pages et recommencements encore. Ca a été une paire d'année très vécues. L'album est un reflet de tout ça. Je pense qu'il n'y a pas de dénominateur commun dans les chansons pour que le projet soit laissé couverture pour un seul concept. C'est un album qui a des chansons qui ont surgies dans différents moments, différentes expériences collectées séparément et j'ai pensé que le plus juste était qu'il porte mon prénom, car il me prend partout. »
Dans ton œuvre, la lutte sociale est présente, la lutte pour l'égalité. En 2001, quand l'Argentine a explosée et s'est produit l'épidémie sociale, tu étais en couple avec Antonio de la Rua, le fils de notre président du moment. Lui as-tu demandé quelque chose?
« Oui, je voulais signaler ce qui se passait. Mais c'est un chapitre de ma vie, je préfère ne pas me souvenir de ce moment. Je sais que c'est très difficile pour les hommes et les femmes argentins, qui l'ont vécu dans la peau, mais en réalité comme c'est un chapitre qui est également liée à ma vie personnelle en quelque sorte, à cause de ma relation de l'époque, je préfère ne pas visiter ces terres. »
A un certain niveau de célébrité, de popularité, la vie normale nous manque. As-tu encore une vie normale parfois?
« C'était il y a longtemps. »
C'était comment?
(Elle réfléchit quelques secondes avant de répondre). Mal à l'aise. Je savais que ce n'était pas mon endroit. Je savais qu'il y avait quelque chose de plus. Quelque chose de plus pour moi, qui était une vie peut-être de sacrifices, de travail acharné, mais c'était un appel. Et le normal me paraissait étrange. »
Cela ne te manque pas?
« Oui certaines choses, mais je ne peux pas me plaindre. Je me suis habituée à vivre sous ce manteau, non? Un nouveau manteau, une nouvelle peau et en ce moment je ne connais pas d'autre façon de vivre. Si un jour je l'ai connue, je me souviens, que ce n'était pas du tout commun. »
Où étais-tu le 17 Avril de cette année? Le jour où Gabriel García Márquez est mort.
« Je me souviens que j'étais avec Gerard. Il fallait s'y attendre, on savait l'état de Gabo, c'était très triste de le voir partir. C'est un ami... C'était un ami très cher et un compatriote duquel je me suis toujours sentie très fière. Toute l'admiration que je lui ai toujours professé... La mort se sent triste. »
Dans un profil qu'il a écrit lui-même, il disait: La plupart des chanteurs se font mettre les lumières de face pour ne pas se confronter au fantasmes des fantômes. Shakira a choisit le contraire. Elle a demandé à ses techniciens qu'ils n'installent pas les lumières fortes contre son visage, mais qu'ils les mettent vers le public pour qu'elle puisse les voir. Que veux-tu voir?
« Je veux voir les visages, la jouissance, le plaisir, les sourires, la communion lorsque des milliers de voix s'unissent en une seule. C'est de la nourriture pour l'artiste quand vous êtes sur scène et je ne le manquerai pour rien au monde quand je suis là. »
Tu n'as jamais le trac? De la panique juste avant?
« De la panique non, j'ai eu peur bien sûr. De l'adrénaline en excès, c'est normal. »
C'est vrai que tu as peur de la nuit?
« Plus maintenant. »
Jusque quand as-tu eu cette peur?
« Je ne sais pas, je ne sais pas quand je n'ai plus eu peur. Je suppose quand je l'ai bien connue. Quand j'ai commencé à la connaître à fond (elle rit). »
Quand l'as-tu connue à fond?
« Je ne m'en souviens plus. J'ai mauvaise mémoire tout d'un coup (elle rit).
Quelle est la plus grande crainte que tu as depuis que tu es une maman?
« Le plus grand vertige que j'ai connue comme mère c'est la peur du changement. On se demande comment ces changements auront une incidence sur votre nouvelle vie, si tu seras à nouveau ce que tu étais avant, si tu te perdras toi-même, de toi-même. »
Tu t'es perdue?
« (Elle doute) Non. Je crois que certains flocons fondent en tombant, mais d'autres nouveaux arrivent et plus colorés. J'aime être maman. J'aime beaucoup. J'ai moins de temps pour moi, mais j'en ai eu assez. »
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evalongoria-59, Posté le samedi 18 octobre 2014 17:10
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